LA DEVOTION À LA MISÉRICORDE DIVINE


La dévotion à la Miséricorde Divine ne date pas d'aujourd'hui: elle remonte, en effet, à la Révélation. Dieu a manifesté sa Miséricorde par la Création. Il l'a montrée d'une façon évidente par son Oeuvre Rédemptrice et ne cesse de le faire dans la sanctification des âmes.

L'objet de cette dévotion est de glorifier la bonté de Dieu, bonté qui trouve son expression dans la pitié, la compassion et le secours apporté dans tous nos besoins. Le pardon de nos fautes et la remise des peines dues aux péchés, chaque grâce, voire même les croix et les difficultés quotidiennes: ne sont-ce pas là les preuves incontestables de l'amour qui, depuis des siècles, cimente l'alliance du Ciel avec chaque individu?

Ainsi conçue, la Miséricorde divine trouve un reflet vivant dans la Personne du Christ, car: «Dieu a aimé le monde au point de donner son Fils unique pour que tous ceux qui croient en Lui ne périssent pas, mais aient la Vie éternelle». Il est par conséquent normal qu'une telle dévotion ait pour rôle attractif le Très Miséricordieux Sauveur, dans sa Sainte Humanité. De même que, par Lui, le Père verse les flots de Son amour sur terre, de même l'humanité entière, et particulièrement les enfants de la Sainte Eglise, recourent par Son intercession à la Miséricorde infinie du Père Céleste.

Tout témoin du Christ est engagé dans la réalisation de son propre salut et de celui de son prochain; il a pour tâche de tendre à la perfection chrétienne, jusqu'à son plus haut degré. «Vous donc, soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait». Ce n'est pas un conseil mais un commandement. Les plans du Créateur prévoient que tous les appelés — et chacun l'est — «reproduisent par ressemblance l'image de Son Fils». Autrement dit, Dieu désire manifester ses dons: amour, bonté et miséricorde dans les disciplines de son Fils.

Tel est, dans ses grandes lignes, le but pratique de cette dévotion. «Ma fille — avait dit le Christ à Soeur Faustine — si par toi j'exige que l'humanité entière glorifie ma Miséricorde, tu devrais à plus forte raison te distinguer par ta confiance en Celle-ci. De toi, j'exige des actes de miséricorde résultant de ton amour à mon égard. Toujours et partout, tu dois être miséricordieuse pour ton prochain: ne t'en éloigne pas, ne cherche pas de prétexte, n'essaie pas de te justifier. Voici trois moyens pour le faire: — d'abord l'action, puis la parole, enfin la prière. Ces trois degrés réalisent la plénitude de la Miséricorde. C'est là l'irréfutable argument de l'amour vis-à-vis de moi.»

Confiance! Mot sublime... périmé. Au siècle où l'énergie et la vitesse grisent l'orgueil humain, ce mot n'a plus de sens. On ne se soucie plus guère des enseignements du Psalmiste: «Celui qui se confie en Dieu, la Miséricorde l'environne». Il n'en demeure pas moins vrai que l'espérance est une vertu théologale, dont Dieu est le motif et la fin dernière. Que nous ayons un sentiment filial de dépendance envers le Créateur et Père, que nous comptions sur notre Protecteur et Bienfaiteur, tout cela ne relève pas de notre condition humaine, mais d'un Dieu fidèle, tout-puissant et miséricordieux. Fidèle, Il l'est dans ses promesses, ne pouvant de par sa nature ni se tromper, ni nous induire en erreur. Tout-puissant, Il peut pardonner, remettre nos fautes, accorder gratuitement des grâces, nous envelopper de sa protection, ce qui aux yeux du monde n'est d'aucun prix. Enfin, Il veut notre bien, en tant que «Père des miséricordes et Dieu de toute consolation.

Avoir confiance en la puissance de Dieu c'est la garantie de notre puissance. C'est également une attitude de foi envers la toute-puissance du Très-Haut, pour lequel il n'est rien d'impossible. «Je puis tout en Celui qui me fortifie», ne cessait de clamer l'Apôtre des nations.

Et, de fait, nous pouvons et devons implorer secours auprès du Dieu de miséricorde, quels que puissent être nos besoins personnels, familiaux, sociaux ou politiques. J'insiste: tous nos besoins, spirituels et aussi temporels. Le domaine du Seigneur se limite-t-il aux quatre murs de l'église? Dieu accomplit-il des miracles — encore au vingtième siècle — dans le cadre exclusif des lieux saints?

Quand rejetterons-nous enfin notre incrédulité pour ne plus douter de l'omniprésence de Dieu? Il est partout et, dans la réalisation de ses plans, Il se sert aussi bien d'une humble «servante du Seigneur», telle Bernadette Soubirous, que d'une ignorante converse — Soeur Faustine. Ecartons nos préjugés! La Providence se soucie également de notre corps, de notre famille, de notre patrie bien-aimée. Sachons lire l'Evangile, croyons fermement aux paroles du Christ. N'est-ce pas le Créateur qui a façonné le coeur des plus tendres mères et des meilleurs pères? Ecoutons plutôt:

«Est-il, parmi vous, un père qui donnerait une pierre à son fils qui lui demande du pain? Ou, s'il lui demande un poisson, qui lui donnerait un serpent au lieu de poisson? Ou encore, s'il lui demande un oeuf, qui lui donnerait un scorpion? Si donc vous, tout mauvais que vous êtes, vous savez donner à vos enfants des choses qui sont bonnes, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l'Esprit-Saint à ceux qui le Lui demanderont». Nos prières se trouveront exaucées dans la mesure où elles seront persévérantes et confiantes. Mais n'oublions pas: si Dieu daigne nous accorder ses grâces, ce n'est pas à raison de nos prières ni de notre état de sainteté personnelle, mais du fait de Sa bonté et de Sa miséricorde. En sommes-nous vraiment persuadés?

C'est à notre plus grande honte, qu'une humble «Madeleine» des environs de Cracovie doit nous rappeler ces consolantes vérités évangéliques. On ne saurait trop répéter les mots de la petite Thérèse: «On obtient du Bon Dieu tout autant qu'on en espère». D'ailleurs, le Christ, Saint par excellence, incarne la Miséricorde Divine: c'est Lui qui pardonna à la pécheresse, devant ceux qui voulaient la lapider; Lui seul, qui prit en pitié le voyageur blessé et pansa ses blessures; Lui, qui convia au festin de noces «les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux»; Lui, qui attendit le retour du fils prodigue; Lui enfin, qui pleura par deux fois sur la tombe de son ami et le rappela à la vie temporelle.

La conclusion, d'autorité incontestable — non de Soeur Faustine — s'impose d'elle-même: «Aussi, Je vous le dis: Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous l'obtiendrez».

Combien profond est ce mystère de la miséricorde et de la prière confiante!

«Mon Dieu, comme je désire que les âmes comprennent que vous les avez créées par un amour insondable... Je sens que j'écarterai le voile du Ciel, pour que la terre ne doute point de votre bonté».